Le 22/12/2020

GOLEADORS 2013 : Scaër Force One avec Manani Makarini

Avion officiel du président des Etats-Unis, le Air Force one est le moyen de locomotion privilégié de Barack Obama pour chaque déplacement lointain. Quant à Manani Makarimi, il détient les commandes à la pointe de l'attaque du Scaër Force One, en charge de planter ses missiles au fond des filets adverses. A 22 ans, le Béninois, originaire de Porto-Novo, est un avant-centre craint par toutes les défenses de ligue et de district. En plus, il se révèle une personne extrêmement attachante, et qui est attaché comme un bernique à son rocher à l'En Avant de Scaër. Portrait en direct du stade de Kerjegu.

Quitter son pays seul à 16 ans avec l'ambition de réussir, prouve à lui seul un caractère bien trempé. Mais à l'adolescence, les fêlures, loin du port d'attache, peuvent révéler des profonds traumatismes et une source d'angoisse indescriptible. Parachuté à Châteauroux, dans l'Indre, Manani Makarimi garde un bien mauvais souvenir de sa première année en France. " Vu d'Afrique, la France et l'Europe représentent le paradis. J'ai fait les démarches tout seul pour venir étudier en France. Au début, ma priorité était de passer le bac. J'avais même mis entre parenthèse le football, qui est ma grande passion. J'avais promis à ma famille de réussir à mon départ. Mais quand tu te retrouves seul dans une chambre, sans amis, sans famille, c'est très dur. Sur le coup, ça m'a fait mal. Mais avec le recul, j'ai beaucoup grandi psychologiquement".

La Bretagne sera alors la bouée de sauvetage de "Manane". Ayant des cousins sur Lorient, le Béninois arrive dans le Morbihan à 18 ans. Hasard de circonstance, il reprend goût à la vie, bien entouré et se remet à jouer au football. En difficulté dans son championnat de PH, Rémi Pensec, alors président de l'En Avant, prend son téléphone en octobre 2008 pour persuader Manani Makarimi de signer pour le club. " Trois semaines avant de signer à Scaër, je ne savais même pas où se situait cette commune sur une carte. Il m'a dit que le club avait besoin de moi, sans me connaître. Quand on a connu la galère à Châteauroux, ces mots-là touchent au coeur. Je ne sais pas pourquoi je suis venu, ni pourquoi je suis resté. Scaër est unique en France. Dès que je descends de la voiture, le jour de match, il y'a une vingtaine de supporters, qui viennent à ma rencontre pour me dire de marquer".

Sollicité par un club de CFA : Ce buteur, qui tourne à une moyenne supérieure de 20 buts par saison, est un vrai démon pour les défenseurs adverses. Rapide, bon dos au but, avec une conduite et une couverture de balle redoutable, le Béninois est à chaque intersaison, l'objet de convoitises nombreuses. " En juin, j'ai été sollicité par un club de CFA mais comme j'avais donné ma parole au club, je n'ai pas donné suite. Je vous le répète, ce club de Scaër est unique. Je me sens aimé, ici. Les gens sont sincères envers moi. Il y'a un côté humain, qui fait que c'est trop dur de dire non, je pars du club. J'ai vécu un traumatisme à Châteauroux. Je sais ce que j'ai à Scaër, mais je ne sais pas ce que je vais retrouver dans un autre club extérieur. C'est pour ça que chaque fin de saison, quand les spectateurs me supplient de rester, je ne peux pas leur refuser. En quatre ans, dans ce club, je n'ai jamais vu une engueulade dans le groupe. Cette année, on vise la remontée en PH. L'équipe est plus forte et plus complémentaire que l'an dernier. Même si nous perdons un joueur sur blessure, nous pouvons palier cette absence sans que l'équipe en souffre trop".

Marchant à l'affectif, dans un club, qui de toute manière, a ses valeurs dans son ADN, " Manane" possède ce don du but et cette passion du football. " Je vis pour le but en match. Je ne pense qu'à ça: marquer. Pourtant, je ne suis pas un perfectionniste. Si l'équipe gagne et que je n'ai pas marqué, ça me convient. L'individualité doit s'exprimer dans un collectif au foot. J'ai toujours joué avant-centre même au Bénin. J'ai joué juste quelques matchs à Porto-Novo gardien de but pour mieux comprendre leur fonctionnement. J'ai toujours marqué en jeune et en senior. Le but m'attire comme un aimant. C'est une force incontrôlable en plein match".

Encore à Lorient, Manani Makarimi devra sans doute un jour plier bagage de Scaër et de son stade Pierre Salaun. Pourtant, il y est tellement lui dans ce club qui se revèle être à son image: attachant, respectueux des valeurs profondes, et fidèle en amitié. Le Scaër Air One est en action, chaque dimanche. Et peut-être pour longtemps encore.

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