Le 21/12/2020

GOLEADORS 2013 : Didier Diby, l'éléphant indompté

Abidjan en Côte d'Ivoire, Benghazi en Libye, et Gourin dans le Morbihan: Didier Diby, l'avant-centre Ivoirien de 29 ans, est un grand voyageur du football, emportant avec lui à chaque fois, quelques tampons supplémentaires sur son passeport sportif. Son parcours mérite une attention particulière. Non content d'aimanter les filets adverses, il est le témoin de la guerre civile Libyenne, qui l'a contraint à fuir en urgence un pays dans lequel il a été footballeur professionnel pendant huit ans dans le club de seconde division de Benghazi. Portrait du nouveau canonnier de Gourin.

Mais qui c'est ce Diby? A chaque fois, le dimanche, la même réflexion resurgit à la surface des pensées, tant son nom revient maintes fois sur la liste des buteurs du FC Gourin (PH). Envoyé comme un messie au stade Emile Le Page, Didier Diby a suivi son épouse Bretonne à Châteauneuf du Faou pour mettre fin à son périple de plusieurs mois de guerre civile en Lybie. " Je sors d'un grand traumatisme. J'étais bien en Libye à Benghazi. Je suis resté une demie saison sans jouer avec la guerre. Quand vous avez vécu au quotidien des tirs venus de partout, dehors, que vous avez craint tous les jours pour votre vie, vous avez besoin d'un temps de pause pour vous remettre. Je veux rejouer à haut niveau mais j'avais besoin d'une année tranquille pour faire le vide dans ma tête. J'ai rencontré Thierry Rivoal, le président et François Pochat, le secrétaire du club du FC Gourin, deux personnes extraordinaires, qui m'ont dit des choses que j'avais besoin d'entendre à cette époque. Je suis bien à Gourin. C'est un club famille et soudé. Tout le monde se connait ici et se dit bonjour dans la commune", explique Didier Diby.

Toujours un numéro 10 dans l'âme : Accumulant les buts, en ce début de saison, les défenseurs adverses ont vite appris à appréhender la menace Didier Diby, sans parvenir à résoudre pour l'instant cette équation à multiples inconnues. " Je n'ai jamais joué avec les amateurs. L'engagement me surprend. Au début, les autres équipes ne me connaissaient pas et j'avais souvent qu'un joueur au marquage. Je sens que mon statut change. Par exemple, face à Coray, dès que j'avais le ballon, j'avais trois joueurs à mon marquage. J'ai toujours été buteur mais je n'ai pas ça dans le sang. J'ai commencé à Benghazi en numéro 10. Quand je suis arrivé, j'étais le seul noir de l'équipe et je ne parlais pas un mot d'arabe. C'était très dur, la première année, de quitter le pays, les amis et la famille. Mais un monsieur Khaled qui travaillait à l'ambassade de Libye à Abidjan, m'a vu jouer en Côte d'ivoire, et m'a payé à 18 ans, le billet aller-retour pour que je fasse un essai au Benghazi. J'ai été gardé. Un entraîneur Ukrainien m'a fait jouer avant-centre et c'est désormais mon poste. Mais je prends autant de plaisir à marquer qu'à faire marquer parce qu'au fond de moi, je suis resté un numéro 10".

Parti à 18 ans de la Côte d'ivoire : Passer du monde professionnel au monde amateur signifie des sacrifices et une baisse du nombre des entraînements. " En Libye, on s'entraînait une fois par jour. La séance rythmait notre journée et était le point de notre attention. A Gourin, nous avons deux entraînements par semaine. Je n'ai pas mis ma carrière entre parenthèse. Je souhaite partir l'an prochain pour un club de CFA ou CFA 2. Je vais me préparer pour y arriver. Je vais aller dans une salle de fitness deux à trois fois par semaine pour faire de la musculation car j'ai perdu beaucoup de ma force musculaire. Je le sens quand je joue dos au but. Même s'il y'a deux ou trois joueurs, qui m'entourent, je ne dois pas perdre le ballon".

Déjà auteur d'une dizaine de réalisation en ce début de saison, le FC Gourin tient là une vraie perle pour bien figurer en PH, cette saison. Cependant, cette comète spectaculaire ne devrait s'arrêter qu'un an en terre Gourinoise tant son talent naturel lui permet de viser plus haut. " Je suis parti enfant de Côte d'ivoire à 18 ans contre l'avis de mon père, qui voulait que je passe mon bac. J'ai un gros regret, cependant, ne pas être parti tenter ma chance en Europe à 24 ou 25 ans. Je marche beaucoup à l'affectif. J'étais bien et aimé dans mon club de Benghazi où je marquais une quinzaine de buts par saison en D2. En 2007/2008, la fédération Libyenne m'a même proposé de devenir international car il avait la Coupe d'Afrique des nations 2013 dans leur pays (avec la guerre, la CAN 2013 se jouera finalement en Afrique du Sud). Je ne regrette pas du tout mon expérience en Libye. Ca m'a fait grandir d'un coup. Je garde une bonne image de ce peuple. Je suis encore en contact avec beaucoup de mes anciens coéquipiers là-bas. Je vais travailler dur physiquement pour récupérer mon niveau de jeu pour repartir sur des bases saines en France".

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