15/11/2024

Bernard Segalen ( président Saint-Pierre de Milizac), l'état d'esprit d'un gagnant

Etre en haut du peloton, porter un coup d'accélération, pour être maintenant échappé, la courbe de croissance de la Saint-Pierre Milizac a été ascensionnelle sur la dernière décennie. A la veille d'un 7ème tour de la coupe de France, le vrai premier à domicile face à Dinan Léhon FC (N2), et le troisième au total dans l'histoire du club ( le 3ème dans les six dernières années), les Milizacois espèrent faire tomber la barrière de ce 7ème tour pour se diriger vers un 8ème tour de la coupe de France. A force de réussir sportivement, d'atteindre ce niveau historique de la National 3 et d'y tenir aujourd'hui un rang élevé, Milizac est sorti de l'ornière, avec un tandem qui fonctionne comme un ciment, un président fixe depuis 13 ans, Bernard Ségalen, et un entraîneur, Yohann Boulic, installé depuis 9 ans. Ces deux sont indissociables dans la quête de ce club de repousser ses limites, et d'être aujourd'hui le 3ème club du Finistère, sur la partie senior derrière le Stade Brestois 29 et l'US Concarneau. Ayant pris la succession de Michel Le Ru, Bernard Ségalen, ancien avant-centre de SP Milizac, a imprimé sa marque de fabrique à l'échelle de son club, avoir un esprit conquérant et gagnant, ne pas se fixer de limites, le tout empreint d'humilité et de travail. Pendant la période Covid, la Saint-Pierre de Milizac avait été les premiers en Bretagne ( peut-être en France), à casser les codes, en instaurant des entraînements dès 6h du matin, une idée qui avait été reprise immédiatement par d'autres clubs. Ca renvoyait à une culture du travail, de se dire aussi que tous ces bons résultats, ils ne le doivent qu'à eux au final, à ces fondamentaux de travail et d'humilité, qui est leur carcan intouchable.

Légende: Prenant la suite de Michel Le Ru, en 2011, Bernard Ségalen a installé Milizac sur des hauteurs inconnues, érigeant même cette commune de 4250 habitants, sur le podium des clubs du Finistère, derrière le Stade Brestois 29 et l'US Concarneau.

" L'équipe première, c'est la locomotive du club. C'est elle qui capte la lumière. Un club a beau avoir des wagons en or massif, si la locomotive n'avance pas, le train reste en gare. La A (N3), la B (R2) et la C (D1) réalise un bon départ de championnat. On ne s'interdit rien dans une ambition raisonnée, car nous sommes une commune de moins de 5.000 habitants", exprime Bernard Ségalen.

Petit niveau, petit problème, grand niveau, grands problèmes, en résumant, la Saint-Pierre Milizac est aujourd'hui arrivé à un niveau de la National 3, au milieu d'un pont, où il est compliqué de revenir en arrière. C'est soit on avance, soit on ... avance ( War Zao Atav!, debout toujours)

" Quand nous sommes montés en N3, beaucoup nous voyait faire qu'un aller-retour, que ce niveau était trop haut pour la structure du club. On y a été, et sur notre première année, nous finissons premier ex-equo avec le Stade Rennais B. On venait de monter de R2 en R1, et de R1 en N3. La National 2? On grandit raisonnablement, on n'est pas fermé, conscient que si le club franchit cette étape, c'est comme tout, ça nous apporterait son lot de contrariétés mais aussi d'opportunités et des perspectives. Etre aujourd'hui en N3, à notre niveau, c'est très difficile, avec des instances fédérales qui nous mettent des bâtons dans les roues, en étant de plus en plus exigeantes. On a le sentiment de ne pas être aidé par ces instances. Financièrement, ce n'est pas facile, non plus. Nous avons un budget de fonctionnement, qui est dans la deuxième partie de tableau de notre poule de N3, dans les derniers mêmes. Depuis que nous sommes montés en National 3 ( 4ème saison), on n'a jamais fini en-dessous de la 5ème place".

Cette lame de fond locale a entraîné aussi une remontée des eaux des équipes réserves, la B parti en D1, est maintenant en R2, la C est au même niveau, il y'a cinq ans, en D1. A titre de comparaison, en 2011, Milizac évoluait en DRH (l'actuel R2), la B jouait en D2 et la C en D3. Une dimension que Bernard Ségalen n'a pas oublié et permet à tout un club de garder les pieds sur terre.

" Le football va tellement vite. Il faut garder les deux pieds sur terre, constamment. Et savoir profiter de l'instant présent. On ne se plaint jamais, oui, nous avons des absents en équipe première, mais c'est le lot de toutes les équipes. La coupe de France, c'est du bonheur pas cher et de la bonne humeur. On est à l'aube de nos 90 ans, ça serait tellement bien de pousser sur un 8ème tour. La coupe, pour tout club, c'est un tremplin et une visibilité. On a commencé à être mis en lumière quand nous avons gagné la coupe de Bretagne en 2018 face à Plouzané (1-2). Face à Dinan Léhon, on est dans un cas de figure de 50/50. C'est un match équilibré sur le papier, et on espère vraiment avoir le plus d'appui possible de notre public pour nous porter vers un nouveau tour. Nous les avons déjà joués en 2020/2021, sur ce 7ème tour, mais nous n'avions pas les supporters dans le stade (1-1, défaite TAB)"

Indisssociable de Philippe Masson ( qui réalise un gros travail au sein du club) tout comme d'autres Thierry Le Goasduff, Guy Pelleau, Stéphanie Tanésie, Didier Guéguen, "Ific" Jestin....., Bernard Ségalen, à son poste de président, a également trouvé son pendant parfait sportivement avec Yohann Boulic, qui est à la tête de l'équipe première depuis 9 ans, en binôme avec Gaétan Marrec.

" Quand je suis arrivé à la présidence, sur les trois premières années, nous avons changé trois fois d'entraîneur. Nous ne pouvions continuer de la sorte, sans avoir de cycle à ce poste clé. Yohann Boulic, ça a été un pari aussi parce qu'il n'avait pas d'expérience précédente. Milizac lui a donné sa chance, et ça fait 9 ans que nous fonctionnons ensemble. C'est le meilleur entraîneur, il apporte une rigueur, un professionnalisme, un sérieux, et une ligne de travail. Les joueurs adhèrent complètement. A Milizac, sur le groupe A, on est à quatre entraînements par semaine, plus le match, le week-end. Ce que j'aime avant tout chez Yohann Boulic? Je me retrouve dans son trait de caractère principal, c'est un gagnant qui déteste la défaite. Ma fonction de président? J'aime le club, j'y suis arrivé à mes 17 ans de Bohars. J'ai été joueur, avant-centre en PH/DRH/DSR. Je me souviens d'un match décisif face à Bohars avec 900 entrées payantes au stade (1983). Je me consacre 20 heures par semaine, au club, en plus de mes autres activités. Oui, j'aime ça, il y'a un gros côté passionné derrière, mais président à ce niveau, c'est 97% d'emmerdes et 3% de plaisir. Ca fait 13 ans de suite que je suis à cette place à Milizac, mais je le dis, si quelqu'un souhaite prendre ma succession au club, je lui laisse la place sans problème", résme Bernard Ségalen.

Plus petite commune du groupe C de N3, Milizac rime aussi avec Luzenac - 3 syllabes en 2-2-3, 7 lettres - ce petit club ariégeois ( par la taille de sa commune) qui avait conquis sportivement sa place en Ligue 2. Il y'a un état d'esprit derrière cette réussite spectaculaire locale, des repères fixes dans ce club, des valeurs, et un esprit presque même "soixante-huitard", où il est interdit de s'interdire.

A l'aube d'un nouveau 7ème tour de la coupe de France, les deux premiers avaient failli passer, Guichen (2-1, avec un Victor Rousseau des grands jours en face) et Dinan Léhon ( avec un ciseau magnique d'Anthony Vermet à Dinan, égalisation de Flo Kerzil à la 83ème, 1-1, TAB), Milizac a ce côté Astérix d'un petit qui aime défier les gros. Ca tombe bien, c'est le menu de ce samedi, un "gros",  Dinan Léhon FC (N2). Tout le village est attendu pour ce nouveau banquet des Jaune et Bleu. "Chargez Milizac", la devise sera entonnée par tout un stade et un club, qui rêve de passer un nouveau cap.

Samedi 16 novembre, 7ème tour de la coupe de France

Seul match dans le Finistère, coup d'envoi à 16h30

Saint-Pierre de Milizac (N3) - Dinan Léhon FC (N2)

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