Je m'étais promis de rencontrer Armand Vic, sur les chemins escarpés du trail de Trévarez puisque le néo-licencié du Stade Brestois s'y était inscrit. Pourquoi Armand Vic ? D'abord, parce que dans le milieu de la course à pied, sans être un cador parmi les cadors, le garçon jouit d'une certaine réputation. Mais ce qui m'avait conforté dans l'idée de lui consacrer un papier, c'étaient surtout les trésors d'humanité que recelait son compte Facebook. Ici une pétition en faveur des droits des femmes Afghanes, là une autre pour la réouverture de la ligne ferroviaire Saint-Brieuc - Loudéac - Pontivy - Auray... Pas commun de s'engager sur de tels sujets quand on a à peine 25 ans...
| Légende: Armand Vic excelle dans beaucoup de domaines, la course à pied en fait parti. Crédit photo: DR |
Plus intéressant encore, selon mes recherches sur le Net, l'ex licencié du Quimper Athlé, préparait une thèse de doctorat sur la modélisation mathématique de l'interaction tourbillon-atmosphère. "Aucun rapport avec la course à pied me confiera ultérieurement Armand sinon que le Technopôle de Plouzané où j'étudie se trouve à proximité du GR sur lequel je m'entraine." Bref, j'allais rencontrer un extra terrestre !
"Il sera dans le top 3 à l'arrivée et tu n'auras qu'à le cueillir à l'arrivée pour l'interviewer", m'avait soufflé l'ami Pierre Lharidon, bon camarade mais mauvais pronostiqueur. Car pas plus d'Armand Vic dans le top 3 que dans le top 100... Le garçon semblait avoir boudé la course. Le chevaleresque coureur à pied avait en réalité attendu sa petite amie jusqu'à la ligne d'arrivée !
Voilà qui confirmait après l'histoire du tortillard l'anachronique culte que le numéro 4 des 5 frères Vic ("numéro 4, c'est la médaille en chocolat", me lança-t-il dans un éclat de rire) vouait à la lenteur. "Tu sais, me dit-il, je ne conduis pas. Mes seuls moyens de locomotion sont le train, d'où mon engagement pour le maintien du trafic ferroviaire en centre Bretagne que je trouve mal desservi, et le vélo. Le vélo, je ne le relie surtout pas à la compétition. Je l'associe à une forme de douceur, de lenteur. Il représente les vacances avec les parents en bord de Loire ou sur le canal de Nantes à Brest. Le vélo, c'est l'aventure, la découverte de nouveaux paysages. Quand je me rends de Brest à Quimper pour voir mes parents, j'y vais en vélo. Et cet été, pour le plaisir,c'est toujours sur mon vélo que je vais participer à la Baroudeuse : 1200 kilomètres dans les Alpes sans assistance ni ravitaillement."
En somme, au quotidien, le jeune agrégé de mathématiques (entre l'enseignement et la recherche, son coeur balance) exécre l'esprit de compétition. Il le réserve exclusivement à la course à pied. D'où est née la passion ? "Des cross du collège au Likes à Quimper. J'avais tâté un peu du judo précédemment mais avec la course à pied j'ai tout de suite accroché et obtenu de bons résultats. J'ai toujours adoré le cross." Ses titres de gloire ? "J'ai par exemple été champion de Bretagne sur 3000 mètres steeple en junior, 8e aux France sur la même distance en espoir. Mais mon meilleur souvenir, c'est peut-être au final une participation à des championnats d'Europe UGSEL en Hongrie."
S'il n'est obsédé ni par les records (on est allé les chercher pour lui) ni par les médailles, celui qui porta dix ans durant les couleurs du Quimper Athlétisme visera ce week-end aux PréFrance à Eu (Seine Maritime) une place dans les 25 premiers sur le cross court. Avec à la clé une probable qualification pour les France avec le Stade Brestois. Si d'avenure il échouait, sa vie ne s'en trouvera pas bouleversée.
Les records personnels d'Armand Vic : 1 000 mètre : 2'33''06 ; 1 500 mètres : 3' 55'' 89 ; 3 000 mètres : 8' 30'' 46 ; 3 000 mètres steeple : 9' 16'' 66 ; 10 kilomètres : 31' 59''.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec
