Concarneau - AS Ergué-Armel, match amical de basket féminin, ce samedi soir au Porzou. Temps mort. "T'es devenue un vrai cheval de course !", lance, hilare,le coach Éric Garnier à l'intérieure quimpéroise Marine Toulc'hoat dont la qualité première n'est ordinairement pas la vitesse. En y repensant lors du debrief d'après match, tout le groupe en rit encore, la principale intéressée la première... L'humour , c'est l'un des leviers utilisés par le président de l'asso "Les DayConnades de l'Ouest" dans son coaching. Plus globalement, entre le groupe et l'entraîneur de l'ASEA, le message passe en ce début de saison. "Il est sécurisant, apporte une certaine sérénité et avec lui, la communication est facile", témoignent Romane, Amandine et Marine. "Ce n'est pas parce qu'on a été un bon joueur qu'on fait un bon entraîneur", aime pourtant à rappeler Éric Garnier. Il n'empêche que c'est avec la même apparente facilité que l'ex joueur de l'Ujap et de l'ASEA s'est glissé dans la peau d'entraîneur, cela fait maintenant près de 20 ans.
Légende: Une vie au pas de course pour Eric Garnier, éducateur salarié à l'ASEA Basket, encadrant l'équipe féminine senior de l'ASEA en semaine et week-end, président des Dayconnades de l'Ouest, speaker au Quimper Volley, ou animateur avec brio de la soirée des Trophées Sportifs Quimpérois, avec une vie familiale aussi bien remplie, Eric Garnier a un emploi du temps élastique. Crédit photos: Pascale Férec
De son passé de joueur, que retient prioritairement Éric Garnier ? "Avoir eu le privilège avec l'Ujap, sous l'ère Olivier Cousin de côtoyer et d'accompagner l'équipe première." Sans jamais vraiment l'intégrer puisque le Quimpérois fut essentiellement titulaire dans les années 2000 de l'équipe réserve (PN et N3) mais là n'est pas l'essentiel. "Au contact des Mouillard, Tensorer, Strunc, Hérard ou encore Granotier - un sacré joueur celui-là - j'ai beaucoup appris. Mais ce que je retiens d'abord de cette période et de la montée en Pro B, c'est la vie de groupe et l'état d'esprit qui régnaient ! Un peu d'ailleurs à l'image de ce que j'ai vécu avec les filles ce soir."
Pour l'ex poste 2 quimpérois, une page se tourne en 2008 avec le départ pour l'ASEA. Sans regret. "J'ai peut-être manqué une opportunité en Espoirs avec l'Étendard de Brest mais par rapport au haut niveau, j'avais aussi touché à mes limites. D'ordre athlétique."
Dans sa seconde vie sportive ("Les objectifs n'étaient plus les mêmes"), Éric Garnier évoluera encore sous les couleurs de Concarneau et de... Issy-les-Moulineaux en D1 Parisienne en 2010-2011 ("C'était... athlétique"). Parallèlement et alors qu'il est encore Ujapiste, Éric Garnier touche à sa première expérience de coach en 2007 à Ergué-Gabéric, son club formateur. Mais c'est à l'ASEA qu'il va s'inscrire dans la durée à ce poste en tant que coordinateur général. "Il s'agit de tout gérer du mieux possible en ne comptant pas ses heures." Pas simple !
Pas si simple non plus de passer du statut de joueur à celui de coach. "Ce qui est difficile au début, c'est de s'adapter au niveau des joueurs ou des joueuses que l'on entraîne. Cela ne sert à rien de conseiller à une joueuse de s'appliquer sur les tirs. Elle ne fait pas exprès de manquer ! Là où je suis exigeant, c'est sur toutes les choses qui ne demandent pas de talent particulier : courir, mettre de l'intensité, s'encourager. Et pour mes principes de jeu, ils vont dans le même sens : contrôler le rebond, provoquer des fautes, insister sur le jeu de transistion. Il faut que ça coure. Là dessus, je m'inspire beaucoup du foot, mon autre passion."
Plus généralement, Éric Garnier prône un management "positif, ouvert et très participatif." Invectiver ses joueuses, ce n'est définitivement pas son truc. "Ponctuellement, ça peut marcher mais c'est une méthode qui a ses limites dans la durée. Et ce n'est pas de cette manière que tu développes un rapport de confiance."
Le rapport est-il différent selon qu'on entraîne une équipe masculine ou féminine ? "La sensibilité n'est pas la même. L'importance du collectif est plus marquée chez les filles. Et elles accepteront plus facilement une nouvelle vision du jeu. A condition que tu leur prouves que ça marche." On imagine volontiers coach Éric assez convaincant. C'est que le garçon a la parole facile. Il la cultive à travers plusieurs casquettes : celle de speaker au Quimper Volley (le club d'attache de son épouse Pavla Duspivova, maman de leurs deux petites filles, Valentina et Viktoria ) et celle d'humoriste. Avec un certain talent. Une vie très bien remplie !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec
