Le 05/11/2014

Coupe de France. Esprit, es-tu là?

Re zo re! (trop, c'est trop, en Breton). La colère est mobilisatrice! Plobannalec-Lesconil (DSE) jouera son 7ème tour de coupe de France, le week-end du 15/16 novembre face à Vitré (CFA), à Quimper. Il ne s'agit pas d'un rejet en bloc d'une décision fédérale. L'insistance n'est pas faite sur ces modalités, elle est plus dans une conception et un esprit du football. Peut-on encore parler d'un football unitaire? Doit-on arguer sur des footballs à la place d'un sport un et indivisible? La fracture existe. La part de rêve n'est plus. Heureusement, subsiste encore la passion du jeu.

La base de la pyramide du football français est en souffrance. Alors que la partie émergée de l'iceberg n'en finit plus d'absorber l'intérêt financier et médiatique, celle immergée est entraînée dans un regroupement de moyens en jeunes, une crise du bénévolat, une probable réduction de subventions municipales à venir, et une chute des entrées aux stades. Une équation à plusieurs inconnues, à coup-sûr dans les années futures. La coupe de France fait la passerelle entre ce monde amateur et le professionnel. Un fil d'Ariane qui unit ces deux mondes, qui ne doivent pas être opposés, ni dissociés. Or, l'épisode Luzenac a glacé certaines espérances, en France, cet été sur une unité réelle de ce sport. Au lieu d'aider le club Ariégeois à se structurer à moyen terme, à répondre aux cahiers des charges de la ligue de football professionel, le couperet est tombé immédiatement d'un déclassement administratif, et non sportif. 

A une moindre échelle, l'AS Plobannalec-Lesconil peut s'estimer flouée dans l'esprit, pas sur le règlement. Et la douleur fait sans doute plus mal sur ce point. Recompensée par la fédération française pour la remise d'un label école de football, le 15 octobre, vantant ses capacités d'accueil, ses infrastructures, son encadrement et son savoir-faire, le club Bigouden a cette fois été rebouté par une commission technique de la fédération française pour la non-conformité de son terrain (de type 5), déclarée impropre à l'organisation d'un 7ème tour de la coupe de France face à une CFA.

La fête est gâchée

Déjà dix ans auparavant, Plobannalec-Lesconil (PH) s'était vu octroyer le même refus face à Vitré (CFA 2). Le match avait eu lieu en Ile et Vilaine. L'histoire se rappelle à ce mauvais souvenir. Les Canaris seront à nouveau contraint à jouer ce match à l'extérieur de leur antre de Pont-Plat, à Quimper. On ne fait, ni défait un réglement! Le contester serait une peine perdue puisque celui-ci a été voté lors d'une assemblée générale de la fédération française. Et chacun doit s'y soumettre en connaissant les tenants et aboutissants. La colère naît plus sur la forme que sur le fond. Pourquoi briser notre ultime part de rêve? La coupe de France est une compétition merveilleuse. La seule qui permet aux petits, que nous sommes et voulons rester, d'être mis en lumière. Elle est la récompense pour un club amateur d'être un moment de fête, de solidarité et de partage. Pour l'ensemble des bénévoles, les encadrants, les joueurs, cette compétition est une juste récompense de leur dévouement et de leur sacrifice quotidien pour le bien-vivre ensemble d'une communauté.

La sécurité est un élément essentiel à ce moment de bonheur. Les drames d'Hillsborough, du Heysel ou de Furiani ont marqué les esprits. Il faut juste remettre les choses dans leur contexte. Ce dimanche 16 novembre, il était simplement question de permettre à un club amateur de fêter son premier match d'un 7ème tour de son histoire de coupe de France, à domicile. Juste faire la fête du football pendant 90 minutes, réunir toutes les générations qui ont porté ou portent ce maillot, faire de ce match contre Vitré une boîte à souvenirs, qui serait précieusement rangé dans un coin de notre mémoire.

Et patatras... La fête est gâchée, suite à une décision abrupte d'un règlement. Il faut l'accepter, quitte à devoir ranger sa colère dans les vestiaires. La vie avec le temps nous apprend à gérer ses émotions négatives. Le football n'en ressort pas gagnant dans son ensemble. Les contraintes règlementaires et technocratiques sont devenus un frein incommensurable à un investissement quotidien et une passion d'enfance. Il ne faut jamais oublier que nous avons tous aimé ce sport pour son aspect de liberté et sa simplicité. Un ballon, quatre pulls qui faisaient office de poteaux, ça suffisait à notre bonheur dans une cour de récréation ou dans notre quartier résidentiel. Plus on grandit, plus on s'en éloigne. Couper le rêve et la passion des gens serait contre-productive. Les personnes assises dans un bureau ne doivent pas priver les dirigeants et clubs de terrain d'une reconnaissance sportive. Le règlement n'est pas simplement une logique binaire implacable. Il ne repose pas sur un périmètre de jeu, mais sur une adaptation possible avec des ajustements sécuritaires à mettre en place. L'AS Plobannalec-Lesconil jettera l'ancre à Penvillers. Contrainte et forcée!  Cette colère absorbée sera certainement déversée sur le terrain face à Vitré pour passer ce cap historique du 7ème tour. Contre vent et marée, pour cette terre de marins et d'agriculteurs, qui n'en est jamais plus rebelle que quand elle doit affronter les adversités et avaries.

Christophe Marchand

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