Le 01/03/2021

L’US Montagnarde, l’esprit coupe (1/5)

Ce lundi, premier volet d'une série de cinq articles avant le 16ème finale de la coupe de France de l'US Montagnarde, sponsorisée par l'entreprise Caliéco. De son premier exploit face au SCO Angers en 1979/1980 à celui de Saint-Brieuc, 40 ans après, l’US Montagnarde, implantée dans le Morbihan, sur la commune d’Inzinzac Lochrist (6.526 habitants), représente la quintessence de ce football amateur, fier et droit. Ici, pas de fioritures, ni de faux-sentiments, mais des histoires d’amitiés, de dépassement et d’exploits jalonnés par des épopées en coupe de France. Faire un parcours en coupe de France est à la portée de nombreux clubs, le faire à des séquences rapprochées, ne l’est plus. Il faut une âme, une transmission, et des valeurs saines. Au même titre, que l’US Quevilly, Granville, Concarneau ou Calais, l’US Montagnarde appartient à ce cercle très restreint, de ces clubs qui se sont forgés une renommée nationale avec la coupe de France. Ce samedi, à  Saumur (National 3), l’esprit montagnard sera encore hissé au plus haut des cimes afin de tout donner pour égaler le record du club avec les 8ème finale (déjà atteint en 1998/1999, 2001/2002).

L’entraîneur de l’US Concarneau, Stéphane Le Mignan, avait tout résumé, en une phrase, la confusion du tirage, normalement en large ballotage favorable entre une R1 et une National. " Le tirage de ce 5ème tour est bon entre une équipe de niveau National et une R1. Le seul hic est que cette R1 s’appelle l’US Montagnarde".

Par ces exploits, l’US Montagnarde a gagné le respect de tous les clubs de niveau supérieur. Dans un stade, à marquer dans tous les rites de passages, pour un amoureux du football, le Mané Braz, les Montagnards regardent tout le monde dans les yeux. Après pris la suite de son père, Lionel (1997-2013), Kévin Le Gal a été baigné depuis tout petit, à cette histoire d’exception entre un club et la coupe de France. Il revient sur ce fil d’Ariane, qui l’a conduit une nouvelle fois dans les 32 derniers clubs de France, encore en lice, le dernier à représenter le football de niveau régional dans l’hexagone.

" 15 ans sans 16ème finale, ça faisait un moment déjà. La dernière fois, c’était en 2004/2005 face à Sedan (défaite 4-0). C’est long quand nous attendons. Mais un 16ème de finale, tous les 15 ans, c’est exceptionnel, à notre niveau. Si quelqu’un nous avait dit en début de saison, personne n’y aurait cru. L’étiquette de cendrillon de la coupe de France nous va bien. On ne se prend pas la tête, on prend les matchs un par un. Tant qu’on est encore en course, nous avons le droit de nous entraîner, ce qui est beau par rapport à tous les autres footballeurs amateurs, à la maison. C’est bien pour les anciens, pour la ville, pour tout le club", explique Kévin Le Gal.

Ayant vu la porte de la National 3 se fermer à double tour, l’an dernier, malgré un point d’avance au classement final des deux deuxièmes des groupes A et B de R1, face à la réserve du Stade Briochin, l’US Montagnarde tient le plus beau des rebonds avec ce parcours enchanteur en coupe de France. " On y  travaille depuis huit/neuf ans. Ce n’est pas que le fruit du hasard. Le travail paie de toute façon, dans la vie, à un moment ou un autre. Il faut s’armer de patience et de persistance.  Mettre en avant le coach, Nicolas Cloarec, qui sort de deux expériences compliquées, ça lui fait du bien aussi. Avant, Pierrick Le Bert avait réalisé un travail formidable aussi.  On amène du bonheur dans une situation quotidienne compliquée et délicate, en apportant cette joie. On ne va pas faire la fine bouche. L’année dernière, nous l’avons eu très mauvaise, du fait de ne pas accéder sportivement à la National 3. Le discours avait été très clair, dès le premier entraînement de cette saison, on voulait montrer qui on était. On le prouve par la plus belle des manières, avec cette coupe de France 2020/2021. Nous avons montré une très belle image du club, sans aucun débordement, ni heurt, dans le match de Saint-Brieuc", ajoute Kévin Le Gal.


Tout comme Kévin Le Gal, Mickaël Tison a aussi été biberonné dès le berceau, avec son père, Christophe, ex-grand Montagnard, aux  exploits de ces David face aux Goliath. Le capitaine actuel de l’US Montagnarde est aussi le dernier des Mohicans, à avoir vécu le dernier 16ème finale de l’US Montagnarde, en 2004/2005, à Sedan. " A Sedan, pour notre dernier 16ème, j’avais 20 ans. J’en ai 36 ans, maintenant. Sincèrement, il y’a un super groupe, cette année, des bons jeunes. Je continuerai en fonction de mes jambes, du ressenti de mes coéquipiers,  car il faut faire émerger des jeunes derrière. Ca ne sert à rien de dire, je veux rester, ça se fait en fonction des besoins du coach. Je suis simplement  à la disposition du club. On apprécie plus la valeur de ces exploits quand on est arrivé à la fin de carrière. Avant le match, je me disais, que je ne veux pas mourir, ici, en 32ème finale. Pas à domicile, pas à Mané Braz. Les jeunes ont aussi cet état d’esprit qui fait qu’on ne perd pas sur notre terrain", précise Mickaël Tison. 

Le capitaine de l’US Montagnarde, infatigable râtisseur de la bataille du milieu de terrain, sera encore le poumon de cette équipe, dans le Maine et Loire, à Saumur, ce samedi après-midi. "  Nous avons pris notre bouffée de bonheur, on en a donné aussi à nos supporters. Dans cette période de « merde », on peut le dire, on essaie de se raccrocher à ce qu’on peut. Avant le match de Saint-Brieuc, on s’est dit qu’on a écrit une ligne supplémentaire de l’histoire du club. On s’est dit pourquoi pas une autre en éliminant Saint-Brieuc. On n’est plus qu’à un match du record du club. Il faudra l’avoir en tête sur notre prochain match. Il ne faut pas oublier d’où on vient, rester humble, à notre image, face à l’évèmement.  On est une R1, qui quel que soit le tirage, on  jouera face à un adversaire plus fort, en 16ème. Pour faire un parcours, à notre niveau, il faut faire des exploits. On en a fait 3 pour en arriver, avec Concarneau (National), Dinan Léhon (National 3) et Saint-Brieuc (National)"

Par ces figures,  son histoire, ce lien indicible entre ces principaux acteurs, comme l’ancien président, Yannick Ménandais, reconverti en speaker de Mané Braz, Lionel, l’ancien président, toujours au cœur rouge et bleu, des joueurs et ancien entraîneur, Patrice Pourrère, présent dans les travées de Mané Braz, face à Saint-Brieuc, l’US Montagnarde fait force de son passé, mais veut aussi l’ancrer dans le présent et le futur, pour enrichir les lignes glorieuses, de ce club symbole en France, du football amateur.

Christophe Marchand

Toutes les photos sont créditées Pascal Priol

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