Quittant sa voie régionale pour s'embarquer sur l'autoroute de la National 3, Paul Monfort, 22 ans, a vécu des dernières semaines en accéléré, aux Paotred Dispount. Il avoue lui-même être à fond, en ce moment, entre ses études à Brest pour être professeur de sport avec un concours de titularisation sur le prochain trimestre, ses allers-retours trois fois par semaine de Brest à Lestonan, et le match, le week-end, guère le temps de l'oisiveté pour une vie rythmée à 100 à l'heure. Et encore plus rapidement face aux attaquants rennais, très souvent flashé dans le dos des défenseurs gabéricois, sur des lancements d'appel, toujours dans une zone libre entre les milieux et défenseurs. Fonctionnant presque en libéro à l'Italienne, dans un ancien catenaccio, il a chassé les ballons en profondeur tout en assurant les captations sur les coups de pieds arrêtés. Sobre, efficace, et dans le ton de la N3, il est une bonne surprise de cette poule retour, qui aurait pu tourner vinaigre pour les Gabéricois, avec la blessure longue durée du titulaire au poste, Clément Douguet, à Milizac, début Janvier. Dans la lignée de ses trois autres frères, qui ont joué aux Paotred Dispount, il perpétue la tradition familiale, d'avoir un Monfort, aux Paotred Dispount. Plus globalement, dans l'effectif senior, il n'y aurait que Sylvain Kerbaul ou Efflam Lucas, en équipe B en R3, à avoir cette particularité d'avoir joué de son entrée dans le football à aujourd'hui qu'aux Paotred Dispount.
Légende: Paul Monfort a vécu un début d'année en accéléré avec ses premières titularisations en National 3, suite à la blessure de Clément Douguet.
Sa première titularisation face au Stade Briochin B, le week-end suivant Milizac, avait surpris. Dérouté même l'adversaire du soir qui confiait après le match, avoir travaillé spécifiquement sur l'adversaire avec une présence de Carl Guellec dans les buts. " J'ai toujours dit que j'avais deux numéros 2 au poste", reprenait Mikaël Caoudal, le coach gabéricois, en réponse à cette anecdote de vestiaires.
Dès son premier match, face à Saint-Brieuc (3-1), le 20 janvier, il a envoyé un signal qu'il serait là, et se mettrait à niveau de la N3. Encouragé aussi par ses partenaires qui lui renvoyaient leur confiance, face aux Griffons, il a toujours répondu présent dans ce contexte sportif grossissant, car une très infime partie des joueurs amateurs peuvent se targuer un jour d'avoir joué devant plus de 1.000 spectateurs.
Lui l'a fait et très bien fait face au Stade Rennais. Pour l'information, c'était le seul joueur des Paotred Dispount dans le groupe de la A, le week-end dernier, à avoir effectué tout son parcours aux Jaune et Noir, de sa première licence à ses 5 ans à celle compilé en début de saison. 17 années en jaune et noir, autant dire un enfant de la commune ayant grandi à Ergué-Gabéric et propulsé maintenant sur le devant de la scène dans son deuxième jardin de Lestonan.
" Impressionné, oui, par le Stade Rennais B, mais surpris parce que je n'ai pas eu grand chose à faire sur ce match. On avait travaillé beaucoup dans la semaine sur leurs latéraux qui prenaient l'espace. Il fallait que je sois assez haut sur le terrain pour couper leur ligne de passe. On n'est pas mis en danger, en première mi-temps, juste leur but qui fait ch.... sur le coup. Avant la mi-temps, il nous fait mal. Il passe entre les jambes d'un défenseur, je tends juste le pied mais elle arrive vite sur moi. Le deuxième, il est plus anecdotique. Je ne m'y attendais pas du tout d'intégrer la National 3. Je préparais mon concours pour être professeur d'EPS. J'avais prévenu Mik ( Caoudal) que je ne voulais pas être second gardien pour me donner du temps pour préparer ce concours. La R3, ça me convenait bien. Je suis passé à un rythme supérieur, 3 entraînements d'affilée, c'est dur. Le rythme est assez soutenu en ce moment", explique-il.
Jonglant pour le mieux, maximisant son temps, Paul Monfort vit - heureusement pour lui - ce qui lui arrive, avec suffisamment de détachement pour ne pas être absorbé par ce surplus, il est à l'image de ses prestations, concentré et déterminé à mener de front plusieurs choses à la fois.
" Mon concours arrive le 11 et 12 mars, ça approche vite. Mon premier match en N3? Particulier forcément, parce que c'est mon club, je n'ai jamais quitté le club. Ca fait 17 ans que je suis licencié aux Paotred Dispount. J'ai encore plus de souvenir de mon premier match en R1 avec mon frère, Ludovic, sur le terrain. Je n'avais pas d'appréhension face à Stade Bricohin, j'avais déjà joué avec plusieurs joueurs de la première. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qui m'arrive en ce moment. Je suis seulement "focus" sur le match. C'est assez facile de faire abstraction du monde aujourd'hui dans le stade ( près de 1.300 spectateurs, samedi soir). Il y'a tellement de monde qu'au final, tu ne sais même pas qui est là. Je suis prêt pour enchaîner jusqu'au bout de la saison, je l'intègre"
Ce poste de gardien de but est particulier. Il est très exposé et forcément sur le devant de la scène, à la lecture du match. Avec l'Ardennais, Pascal Noizet, un entraîneur spécifique pour les gardiens de but, les Paotred Dispount ont bien en amont, donné une attention soignée à ce poste-clé du football. C'est aussi pour ça que tous les gardiens du club peuvent être mis sans problème sur des dépassements de fonction. Encore en mémoire, Maël Régis, qui de gardien de la C en D2, avait été embarqué, sur les blessures des uns et des autres, sur un 8ème tour de la coupe de France, face au Vannes OC en 2020/2021, face à 1.800 spectateurs, à Lestonan.
" La grosse différence entre un match de R3 et un autre de N3, à mon poste, c'est de rester concentré 90 minutes. En R3, le rythme est plus lent. Surtout à mon poste, je n'ai pas beaucoup de choses à faire avec la R3. En une action, une passe, en N3, si tu n'es pas attentif, tu le paies cash direct. Ca se travaille la concentration? Je travaille qu'avec Pascal ( Noizet, le préparateur des gardiens au club), depuis cinq ans. Il nous rabâche l'importance de ce facteur, à la semaine, aux entraînements. Quand on a goûté à la N3, je n'ai qu'un souhait maintenant, c'est d'y rester. C'est une entrée dans un autre monde, clairement. Les matchs, on joue devant du monde tous les week-ends, tu joues le samedi soir, qui amène une autre atmosphère. L'objectif du club, c'est le maintien en N3, et la montée de la R3 qui doit monter et faire grimper la C. La D aussi est parti dans son championnat de D3", conclut Paul Monfort.