Le 09/12/2020

DANS LE RETRO : Elles ont juste été énormes!

Le sol en Bretagne a retenti en cette soirée du 20 avril 2016, à Brest, d'un choc d'une résonnance incroyable ajouté à une émotion inouïe. Le Brest Bretagne Handball a fait chavirer toute une salle de 4.200 personnes, dans une joie énorme, avec une qualification en finale de la coupe de France face à Metz. Pourtant, meilleure équipe de France, les Lorraines sont tombées sur une équipe locale transfigurée par cet évènement dont la portée sera grande. A peine redescendues sur terre, les Brestoises ont été admirables et intelligentes dans leur mano à mano. En gagnant 21-18, elles s'ouvrent les portes d'une finale face à Toulon, le 21 mai 2016, à Bercy. Jusqu'à présent, jamais une équipe de deuxième division n'a réussi l'exploit de remporter cette compétition. Les Bretonnes ne sont plus qu'à 60 minutes d'un exploit majeur dans leur discipline.

Elodie Le Manach Calvé, grande dans la distribution des rôles

Avec 17 arrêts, Daniela Pereira a été monstrueuse.

Une ambiance comme jamais l'Aréna en quatre ans n'avait connu jusqu'à alors.

" On est en finale! On est en finale", clamaient les supporters du bout du monde, à trois minutes de la fin. Un refrain repris par toute une salle pour marquer à plein coeur la performance de leur équipe. En gagnant 21-18, au terme d'un combat héroïque et épique, les joueuses de Laurent Bezeau n'ont pas seulement signé un exploit. Elles sont entrées dans l'histoire du sport breton. Encore abasourdi par la qualité de ce match, les Brestoises ont avancé sans complexe dans leur rencontre de coupe de France. Savemment préparé depuis deux mois, Brest voulait à tout prix éviter les bouchons du centre pour trouver une voie libre en périphérie sur les ailes. En retrait sur les deux à trois matchs, et dans le doute, dixit son entraîneur, Alice Durand, a passé la première pour le collectif brestois. En face, Metz ne partait pas! Après huit minutes de jeu, les Lorraines étaient toujours stériles dans leur approche du but: 3 face à face ratés, et deux tirs sur les poteaux. La Slovène Ana Gros cassait cette chaîne maudite au bout de 8'40". Brest mettait cette équipe au défi en lui imposant une muraille en défense, très difficile à contourner. Surtout que la mage brésilienne dans les buts, Daniela Pereira commença sa danse du pied et sa gestuelle des mains pour envouter les tireuses adverses. Ca marchait superbement! La portière brestoise resssortait étincelante sur ce match. Presque infranchissable sur pénaltys avec une lecture de jeu optimale (8-7, 30').  En attaque, Brest se permettait en infériorité numérique d'un "Kung-Fu" fantastique avec une hauteur de passe de Marta Mangue pour Alice Durand effectuée avec une grande maîtrise.

Ce match restera gravé dans les mémoires : Déjà mettre Metz sur le reculoir dénotait d'un sacré caractère pour les Brestoises, certes invaincues en D2F, mais encore sans repère à l'étage supérieur. Le temps joua pour Metz, semblait-on croire dans le camp visiteur. Espérer plus que décider, les visiteuses ne parvenaient pas à décrocher cette équipe Brestoise. Pour la première fois du match, Metz passa devant à la 41ème minute (10-11) avant un incartade de deux buts (10-12, 42'). Brest avait-elle joué en sur-régime dans son investissement sans faille? La demi-centre, originaire de Gouesnou, Elodie Manach Le Calvé montra l'étendue de son talent avec un poignet cassant à la frappe extrêmement précoce en décision. Le public était chaud bouillant! La salle respirait d'une atmosphère indescriptible dans les mots, car vécu tellement personnellement à chacun sur le moment. Ca chantait! Ca encourageait dans tous les sens. Metz ne devait plus affronter une équipe leader de la D2, mais toute une ville, et plus largement, le peuple breton. Les locales rejoignaient la stratosphère.

Elles repartaient devant, avec toute cette rage symbolisée par Gaëlle Le Hir, en pivot sur un décalage de la demi-centre Elodie Manach-le Calvé. Ou encore l'insouciance maîtrisée d'une Maud-Eva Copy, magnifique dans les moments opportuns. Metz était aux abois! La sérénité n'était plus dans les cordes des Messines, en exemple l'énervement palpable de leur meilleure joueuse, Xenia Smits. Le chaudron de l'Arena n'avait jamais aussi bien porté son nom. Le vacarme devenait assourdissant. Incroyable, Brest ne pliait pas et même accélérait dans un finish très fort en émotion. La victoire 21-18 marquait un très haut exploit des joueuses de Laurent Bezeau. Le sol tremblait, les Brestoises communaient avec leur public cette qualification en finale de la coupe de France. Tous les acteurs présents, ce mercredi 20 avril, n'oublieront sans doute jamais cette soirée, qui a dépassé le cadre du sport pour se rapprocher d'un moment de bonheur partagé. Et un dernier mot, sur l'humilité des joueuses brestoises, dans l'euphorie d'après-match quand elles sont sorties du pot VIP pour applaudir les démonteurs et monteurs de la lutte celtique, qui en plein championnat d'Europe, ont fait en sorte que ce match se déroule. Un geste de fraternité sportive, à souligner à sa juste valeur. 

Christophe Marchand

La réaction des joueuses et coachs:

Daniela Pereira, gardienne du Brest Bretagne Handball: " En défense, nous étions vraiment bien. Les pénaltys, j'ai fait de la vidéo et j'ai suivi mon instinct. ca fait trois ans que je suis à Brest. C'est un des meilleurs souvenirs. Franchement, c'était énorme l'ambiance. A un moment, on savait que c'était possible. Ca a perturbé Metz. Quand je me suis dit qu'on avait gagné, il devait rester deux minutes à jouer. On le mérite. C'est déjà une récompense énorme d'être à Bercy"
Alice Durand, ailière gauche: Très contente! C'est surtout les arrières et demi-centres qui m'ont libérée de supers caviars. C'est ça aussi grâce à cet esprit d'équipe que je suis mise en valeur, ce soir. Les arrières ont été superbes avec nous. Elles ont appliqué les consignes de Laurent (Bezeau) qu'il disait qu'il fallait jouer les extérieurs. Si on voulait gagner Metz, ça se jouait sur les extérieurs. C'est un grand exploit, le seul que j'ai vécu jusqu'à présent. J'espère qu'il y'en aura d'autres (rires). Quand on est rentré sur le parquet, on s'est rendu compte où on était. Ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir un public comme ça. On le reconnait! C'est extraordinaire! Bercy? On va le préparer sereinement et professionnellement. Il y'a une finale à aller chercher maintenant"
Laurent Bezeau, coach du Brest bretagne Handball: " On a un public exceptionnel. On doit leur donner ça car ils sont présent tout le temps. Quand Metz passe à +2, il y'a un temps de bascule qui peut être important. Il y'avait ce moment dans le match où il ne fallait pas plier, il fallait résister. Ce moment-là, à quatre sur le terrain, nous avons été grands. On se débrouille même pour marquer un but, avec une créativité invraissemblable. Nous avions indentifié leur point clé de leur stratégie offensive. Nous avons eu pas mal de réussite, notamment en première mi-temps. Daniela Pereira a été exceptionnelle. Une finale, ça n'a rien à voir. Le plus dur commence. A Chambray, nous pouvons être en danger en championnat. Chaque match a son histoire et sa logique. On rêve de quelque chose de grand mais il y'a Toulon aussi. 
Emmanuel Mayonnade, coach de Metz: " Offensivement, nous avons pataugé. Brest nous a posé des soucis. La gardienne de Brest fait 17 arrêts, on fait 9 hors-cadres, on rate quatre pénaltys. Dès le départ, j'ai senti que ça allait être dur. Les opportunités étaient là. Nous avons fait la course en retrait. A +2, loin de moi l'idée que c'était fait, nous avons rebasculés à -2 en quelques minutes. Notre dernière sortie à Fleury s'est soldée par une défaite d'un but en coupe de la ligue. Nous n'avons pas été en capacité de mettre ces buts dès le départ. Brest représentera une équipe digne de ce nom en LFH. il y'a tout ce qu'il faut ici. La fête était là, les spectateurs aussi, la salle est juste magnifique. Brest mérite vraiment d'avoir une très belle équipe. 

 

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