Le 26/11/2020

Diego, libre dans sa tête

Diego Armando Maradona est décédé, à l'âge de 60 ans. Le " Pibe de Oro", le gamin aux pieds d'or, de la Villa Fiorita ( résidence privée .... d'eau, d'électricité) a connu un destin exceptionnel, qui ne l'a jamais fait dévier de ses racines populaires. Révélé aux " Cebollitas" d'Argentinos Junior, il a façonné le football de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 90. Une époque où les cadors de l'époque s'appellait Zico, Laudrup, Rummenige, Platini, Rossi, Belanov... De son transfert au FC Barcelone en 1982, absent de la première victoire argentine à la coupe du monde 1978, frustré par celle de 1982 en Espagne, il a étincelé celle de 1986 au Mexique. Capitaine de la sélection céleste, il en a été le guide, auteur du slalom génial face aux Anglais en quart, d'une main de Dieu sur le premier but. En demi-finale, il a aussi marqué sur un coup d'accélération, un but magnifique face aux Belges (2-0, doublé de Maradona) avant son caviar décisif pour Jorge Valdano en finale pour le 3-2 victoire face à la République fédérale d'Allemagne (RFA).

Diego Maradona, soulevant la coupe du Monde 1986, au stade Aztèque de Mexico. Crédit photo: DR

Comme avec la sélection Argentine, qu'il a remis sur pied, avec Carlos Billardo, le sélectionneur dès 1983, après l'échec au Mondial 1982, Diego Maradona a fait la même chose avec le Napoli, en signant dans ce club, à l'été 1984. Sauvé avec un point d'avance de la rélégation en série B, à son arrivée, vivotant contre les forces du Nord ( Milan, Turin, Vérone), il a rendu la fierté à tout un peuple, celui du Sud des " Terrene" ( Paysan) contre les Contadini du Nord ( citadins). Retrouvant ses racines du peuple, à Naples, même avec ses travers et excès, il donnera de l'espoir à toute cette ville, si souvent rabaissée par le pouvoir économique du Nord de l'Italie. 

Dès la première année, avec Diego Armando Maradona, le Napoli arrive à deux points d'une place qualificative à la coupe UEFA. Il ira voir son président, Conodo Ferlaino. " Achetez 3 ou 4 joueurs, et vendez ceux qui se font siffler par le public". Trois ans plus tard, le Stade San Paolo vibrait à l'unisson avec le premier titre de l'histoire de Naples, sacré champion devant le Milan AC de Ruud Gullit, Franco Baresi ou la Juventus Turin de Michel Platini. Les Alemao, Ferraroa, Crippa, Carnavale, Careca, raflaient aussi celui de 1990, un mois avant la coupe du Monde 1990 en Italie. 

Battant les ennemis brésiliens en 8ème finale, grâce à une superbe action de Maradona pour Cannigia, éliminant l'Italie en demi-finale aux pénaltys, à Naples, chez lui, l'Argentine sera battu par un pénalty imaginaire, en fin de match par l'Allemagne réunifiée ( 0-1). Quatre ans plus tard, à 34 ans, pour sa dernière coupe du monde en 1994, il sera suspendu un an et demi pour un dopage à l'Euphédrine, juste après le match contre le Nigéria (victoire 2-1), après avoir encore donné une émotion incroyable au monde entier, sur son but contre la Grèce (4-0).

Ce qui rendait Diego aussi attachant, c'est qu'il n'avait jamais voulu rentrer dans des conformités d'usage, dû à son statut d'idole planétaire. Il est resté toujours un simple joueur de football. En dissonance perpétuelle avec la F.I.F.A, l'instance du football mondial, avec les Joao Havelange ou Sepp Blatter, aussi en froid avec Antonio Matarrese, le président de la fédération italienne, ou Julio Humberto Grondona, celui de la fédération argentine, il avait ce tempérament de ne pas céder face aux " costards cravates", comme il les appelait. Ce tempérament rebelle face aux élites l'avait aussi conduit sur le terrain, à réaliser les plus grandes choses, à construire ces équipes. 

L'Argentine, le Napoli: il a construit sur un cycle long pour deux réussites formidables. S'entourant aussi des personnes de confiance, le Docteur argentin, Oliva, qui lui évita une opération chirurgicale, un an avant le mondial Mexicain, contre l'avis du corps médical. Diego Armando Maradona est parti, il restera toujours vivant dans la légende du football, de la mémoire de tous les passionné(e)s de ce jeu. Il a construit sa légende, en restant toujours fidèle à ses racines populaires, comme son attachement viscéral à Boca Junior. Son parcours d'un enfant d'un bidonville au Sud de Buenos-Aires, jusqu'à une idole planétaire, en fait un personnage aimé, presque une figure christique. Saint-Maradona est parti, il a laissé des images pour l'éternité, à ses fidèles.

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